Présentation
Le Tourbillon de l’Amour, pièce programmée au Volcan en partenariat avec le festival Automne en Normandie, met en scène une nuit de débauche à la fois pathétique et désopilante dans le Tokyo des années 2000. Daisuké Miura, dont le travail étonnamment subversif nous donne à voir une jeunesse incapable d’exprimer ses désirs, puise sa matière au sein d’une société partagée entre excès et abstinence.
Excès
Deux femmes sur trois sont victimes de harcèlement sexuel dans le métro de Tokyo
Des wagons sont réservés aux femmes à certains horaires dans les trains de banlieue
Des soirées gokkons (rencontres garçons-filles) sont organisées par les otakus (fans de mangas et de jeux vidéos)
Abstinence
47% des étudiants n’ont jamais eu d’expérience sexuelle
53% des étudiantes n’ont jamais eu d’expérience sexuelle
Herbivore est un terme qui qualifie la jeunesse masculine et son désintérêt, sa peur pour le sexe.
Agnès Giard
Journaliste et auteure de plusieurs ouvrages qui questionnent la modernité nipponne, Agnès Giard a publié L’Imaginaire érotique au Japon et un Dictionnaire de l’Amour et du Plaisir au Japon. Elle y analyse la société par le biais de son rapport au corps, au sexe et au sacré.
Au pays des mangas et des robots sexy, les boutiques de culottes usagées jouxtent des sanctuaires consacrés aux organes sacrés de la génération dans un désordre généralement comparé à celui du jardin d'Eden. Le Japon : un paradis d'avant la chute… Dans quelle mesure ce cliché est-il vrai ? La liberté avec laquelle les Japonais mettent en scène leurs désirs peut faire penser qu'il n'existe pas d'interdits sexuels dans ce pays non-contaminé (ou si peu) par la notion judéo-chrétienne du pêché… Afin de mieux cerner ces phénomènes en apparence contradictoires que sont les couples sexless, le Lolicon (complexe de la lolita) et les fantasmes de tentacules, Agnès Giard propose une grille de lecture de la culture japonaise basée sur l'étude à la fois de ses mythes fondateurs et de sa production érotique. Un face à face révélateur, qui nous renvoie en miroir l'image de nos propres limites et interrogations.